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lundi 25 mai 2009

Fatum Stoicum


N'en déplaise aux grands adeptes du fatum, à Diderot qui disserta longuement sur le fatalisme musulman, aujourd'hui, mieux vaut avoir quelques penchants déterministes que de sombrer dans un fatalisme stoïcien (tant pis si Chrysippe me fait la tête, il n'aura qu'à bavasser avec Cicéron) que bon nombre de nos concitoyens adoptent facilement, le destin ayant souvent bon dos, ses lombaires sont solides. S'il y a bien une expression qui me fait bondir dans mes converses (l'anti-mocassin par excellence, décontractée, chargée d'histoire, sportive à une époque, positive de part son étoile....), c'est la reconnaissance de la fatalité exprimée par cette petite phrase que les tympans de chacun d'entre nous croisent à longueur de journée: "C"est la vie!". Je ne supporte pas que la ponctuation finale d'une discussion au cours de laquelle les participants, confrontés à une situation désagréable pour laquelle ils ne voient pas d'autre issue possible que celle qu'ils sont en train de subir, reprenne ce refrain si pauvre de réaction, de volonté. Pourquoi la conclusion doit revêtir ce piteux manteau de fatalisme comme si une puissance mystique avait tendu son spectre vers la misérable vermine qui ne comprend pas ce qui lui arrive. Croyez moi, le collectif des divinités de notre monde a bien d'autres chats à fouetter, ce soir, c'est poker chez Zeus! "C'est la vie!" La lâcheté est sous-jacente à cette phrase qui n'apparaît nulle part dans tous les grands classiques de la littérature française, les héros auraient eu bien pâle figure avec pareille tirade sur scène, un coup à plomber l'ambiance d'une salle venue pour échapper l'espace de 3 actes aux minables aggressions du quotidien . Quel meilleur moyen d'éluder le problème posé, de laisser son collaborateur dans la panade, de passer pour l'expérimenté philosophe du groupe? Au-delà de l'urticaire que cet effet d'annonce peut entraîner (et rares sont les crèmes qui peuvent le soulager, la crème des couillons vous faisant face en l'occurence, pas très philosophe comme terminologie), il révèle paresse, immoralité et irresponsabilité, son meilleur synonyme n'est-il pas, "je n'y peux rien, c'est pas de ma faute?" Ce que l'annoneur ignore lorsque, l'air sérieux et pompeux, il finit par lâcher ces 13 caractères qui n'en ont pas (l'espace deux fois répété en est le parfait exemple, vide, creux, quasi inutile), c'est qu'il est le seul à croire à ce qu'il énonce et que si fier de la grandeur de sa petitesse, il ne se rend même pas compte que son auditoire est largement en avance sur lui en ce qui concerne la réalité de la vie!

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