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vendredi 27 mars 2009

Gros orteil cloqué


Unité de lieu: le palier de la porte déversant directement sur le trottoir ou la balcon si la marche est trop haute. Unité de temps: le matin, après une nuit difficile, un réveil calamiteux et un petit déjeuner pas encore pris. Unité d'action: la clop du matin, celle qui donne bonne haleine, ouvre l'appétit, rend le teint fadasse et les dents jaunes, caramélise la voix. Le public, tout passant actif, s'oxygénant d'une foulée alerte, cataclop, cataclop. Voilà, j'ai planté le décor en respectant les règles les plus basiques du théâtre classique, intéressons nous désormais à l'acteur. Cheminons comme la volute de fumée de cigarette, c'est à dire de bas en haut. Le costume de scène diffère peu d'une représentation à une autre. La tongue vermoulue par de nombreuses campagnes de camping, permettant à la population orteillifère de profiter de l'air frais du début de journée, tient le haut du panier à chaussures. Elle peut éventuellement être suppléée par une petite espadrille limée ou un vieux moccassin râpé mais il est préférable que les mycchoses puissent prendre l'air, non? Invariablement, quelle que soit la température ambiante, le bermuda-caleçon-short est porté, laissant à découvert des mollets varicés par de nombreuses compétitions canapé-roteuse-match de foot. Le bide naissant repoussant la culotte courte vers le bas, le comédien tient une main dans la poche, en profite pour un ou deux grattouillis disgracieux, cela dépendant de la ou des zones pas encore réveillées. Je vous épargnerai les détails liés au marcel distendu, tâché, floqué d'un message aussi tiède que le contenu du mégot pour mieux me concentrer sur le manque total d'expression dégagé par le visage du fumeur matinal. Eh oui, j'arrive à me concentrer sur le néant, des années de travail, une hygiène de vie de chaque instant, où bien entendu le tabac n'a pas sa place, m'ont permis de lire dans ce regard vide, fixé vers la boîte aux lettres du voisin, que les quelques centimètres de cigarette ne permettront pas d'éclaircir d'une quelconque lueur (même du genre "mais y caille ce matin !"). Et surtout, à ne pas regarder autre chose que rien du tout et à occuper ses mains à des massages à monoxyde de carbone, les cendres finissent par dégringoler par gros paquets sur les didis non protégés, la brûlure est vive, l'homme est enfin réveillé. Ca y est! J'ai compris le pourquoi de ce rituel, pas si bête finalement!

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